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Pour vous, les années 2010 sont... les années tech
Fini les premiers pas balbutiants des réseaux sociaux. Au cours de la décennie écoulée, les Facebook, Twitter, Instagram et consorts parviennent à l’âge adulte. Et cette maturité-là marque sans doute toute la décennie. La preuve la plus éclatante de ce nouveau statut : la fortune faite par les « enfants » de Bill Gates et de Steve Jobs, comme Jeff Bezos, PDG d’Amazon, Mark Zuckerberg, patron de Facebook, ou Sundar Pichaï, dirigeant d’Alphabet – à qui appartient Google –, dépasse celle des magnats de l’industrie. Et leur puissance médiatique – donc politique – fait d’eux des nouveaux maîtres du monde. Il y a ceux qui siègent à l’ONU et il y a eux, réunis sur une fine bande de terre qui traverse la côte ouest des Etats-Unis.
Qui sait, un jour les politiques élus et les patrons de la tech se confondront peut-être. En 2016, s’offrant des séances photos à travers les Etats-Unis avec l’Américain moyen, Mark Zuckerberg espérait-il accéder à la fonction suprême ? Un scandale, révélé deux ans plus tard par une enquête du Guardian, l’aura figé dans sa course. Avec l’aide du témoignage de Christopher Wylie, ancien employé de Cambridge Analytica, le journal révélait que la firme avait acquis les données Facebook de millions d’utilisateurs, pour ensuite s’en servir à des fins politiques. Nous nous réveillons un peu sonnés, découvrant avec de grands yeux usés par les écrans que Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft sont désormais aussi puissants que des Etats. Facebook a d’ailleurs déjà proposé de battre monnaie ; Amazon, toujours plus présent dans nos vies, entend livrer ses paquets par drones et multiplie les entrepôts partout dans le monde ; Google, moteur de recherche ultramajoritaire, refuse d’entendre les demandes de rémunération des éditeurs de presse. Pour la prochaine décennie, ces entreprises devront probablement faire face à ce qui sera leur plus grand défi jusqu’ici : le réveil des consommateurs.